L’auteur, metteur en scène et acteur Ismaël Saidi répète sa nouvelle création au Théâtre de Liège dans la salle de l'Oeil vert. Après sa pièce "Djihad", qui a tourné partout en France, il présente "Jérusalem”. C’est l’histoire de Shahid, qui doit abandonner sa maison dans le quartier de Sheikh Jarrah. Le tribunal l’a condamné à remettre les clefs à l’unique propriétaire reconnue : Delphine Lachance, qui arrive du Canada. Mais les ancêtres de Shaid et de Delphine prennent possession de leur corps un soir de tempête, pour raconter leur histoire : « Chacun décide de raconter aux deux autres son parcours. Qu'est-ce qui fait qu'il est arrivé dans cette maison à Jérusalem ? Parce que ces personnages se disent, surtout les plus anciens, qui sont plus sages, que si chacun arrive à écouter la douleur de l'autre, c'est le premier pas. On ne vous demande pas de juger ma douleur. On ne vous demande pas de dire que votre douleur est plus forte que la mienne, ou que la mienne est plus forte que la vôtre. On vous demande de me laisser le temps de vous raconter ma douleur. Et les deux vont le faire et on va voyager dans l'espace, dans le temps avec ce spectacle drôle et triste. »

Un spectacle qui s’inscrit dans l’actualité, même si ce n’était pas le but au départ : « Je m'étais dit il y a deux ans mais voilà, ça fait longtemps qu'on ne parle plus de ce territoire, de cet endroit du monde, donc je pense que je peux créer tranquillement la pièce sans me heurter à l'information. Et depuis le mois d'octobre, on va dire que l'information a heurté le spectacle. » « Vous pensez qu'au final ce spectacle a encore plus de poids, plus d'importance ? » « Je ne sais pas. Ce serait hyper arrogant de vous dire ça aujourd'hui. Je vais attendre de voir ce que vont dire les gens. Nous, on ne s'est pas mis plus de pression que d'habitude. On s'est dit “on veut raconter une histoire. On veut faire rire les gens, les faire pleurer”».

Aux côtés d'Ismaël, qui joue le rôle de Shahid et de son grand-père, l’actrice Inès Weill-Rochan interprète Delphine, et sa grand-mère Ruth : « Je suis juive, mais on n'est pas pratiquants dans la famille et on a atterri à Jérusalem pour le boulot de mon père. Et à l'école où j'étais, il y avait principalement des Palestiniens. J'ai grandi dans un espace d'entre-deux. C'est ce qui nous rapproche aussi avec Ismaël, il y a cet entre-deux et cette envie aussi de montrer que l'on peut dialoguer, qu'il faut dialoguer. Même si ça peut sembler un peu naïf de le dire. Mais revenir à l'humain. Quand deux personnes se rencontrent au final, c’est deux personnes, il n'y a pas forcément tout ce qu'il y a derrière. » Mardi, dans le public, ce seront des ados qui assisteront à la première. "Jérusalem" sera ensuite visible au Théâtre de Liège de mercredi à samedi inclus. 

A. Gerday